L’armée israélienne traverse une situation critique sans précédent. Après deux ans de guerre à Gaza, des dizaines de milliers de soldats en retraite s’opposent désormais à leur mobilisation, mettant en péril la cohésion militaire du pays. Cette révolte massive, fondée sur un mélange de fatigue, de désaccords politiques et d’abattement, remet en question l’unité nationale et le rôle traditionnel des forces armées comme symbole de résistance.
Au début du conflit, une mobilisation sans précédent avait vu 360 000 réservistes se lever, marquant un record historique. Mais aujourd’hui, seulement 60 % d’entre eux répondent aux appels, contre plus de 100 % au début. Dans certaines unités, moins de la moitié des appelés se présentent, laissant une lacune énorme dans les rangs militaires. Plus de 100 000 réservistes auraient cessé leurs obligations, créant un désastre logistique pour Tsahal.
Ce mouvement s’accompagne d’un rejet massif des politiques guerrières, exprimé par des lettres ouvertes publiées dans la presse israélienne. Les citoyens réclament l’arrêt immédiat de la guerre et un retour aux négociations pour libérer les otages détenus par le Hamas. Cette contestation, jusqu’alors marginale, a gagné en force, reflétant une profonde fracture sociale.
Le gouvernement Netanyahu accuse ces réservistes de « trahison », affirmant que leur absence affaiblit l’État face au Hamas. L’armée a sanctionné certains manifestants, mais évite une répression brutale qui pourrait transformer les rebelles en figures héroïques. Des mesures comme l’allongement de la durée du service ou le recours à des soldats plus jeunes sont envisagées, mais elles semblent insuffisantes.
Cette crise ne touche pas seulement l’armée : elle illustre une déchirure nationale. Des manifestations à Tel-Aviv réunissent des milliers de personnes exigeant la fin du conflit et la démission du chef du gouvernement. En parallèle, l’émigration connaît un pic inquiétant, avec 500 000 Israéliens partis en 2024, dont 40 % envisageant de quitter le pays.
Bien que minoritaire, ce mouvement a un impact symbolique considérable. Il érode la légitimité d’une armée perçue comme l’expression du « peuple en arme », et ouvre une discussion sur la moralité d’un conflit qui semble aboutir à un impasse. Tsahal prépare désormais une offensive majeure, mais son efficacité reste incertaine face à cette révolte interne sans précédent.