L’identité humaine, autrefois stable, se trouve aujourd’hui submergée par les bouleversements sociaux et technologiques. Le pédopsychiatre Thierry Delcourt, dans son essai « Je ne sais plus qui je suis », dévoile comment des facteurs tels que l’IA, la crise écologique, le désordre identitaire et les conflits politiques érodent la perception de soi. À travers des cas cliniques de jeunes patients, il met en lumière une détresse profonde : l’incapacité à s’ancrer dans un monde en constante mutation. La question n’est plus de regretter le passé, mais de comprendre comment les forces actuelles—politiques, économiques et sociales—s’érodent mutuellement, laissant des individus désemparés.
La quête d’identité, autrefois une recherche personnelle, devient aujourd’hui un combat perdu d’avance contre des systèmes qui n’envisagent plus l’individu comme sujet, mais comme objet. Les jeunes confrontés à ces enjeux se retrouvent piégés dans un cycle de confusion et d’insécurité, sans repères solides. Cette crise, exacerbée par la virtualisation de la vie quotidienne et la désintégration des valeurs traditionnelles, menace l’équilibre mental de générations entières.
Le livre de Delcourt incite à une réflexion urgente : comment s’adapter à un monde où les certitudes sont effacées ? Mais au-delà de cette question, il soulève une autre inquiétude : la perte progressive d’une identité collective, remplacée par des fragments dispersés, sans cohérence ni direction. L’homme moderne, déconnecté de ses racines, est condamné à errer dans un vide existentiel.