La désolation rurale : les habitants condamnent le déclin de leur terre

Loin des centres urbains, une fracture profonde s’aggrave entre la France rurale et ses politiques publiques. Une étude menée par l’institut IFOP pour l’association Excellence Ruralités révèle un mécontentement massif : 87 % des Français considèrent que les zones campagnes sont négligées, avec une proportion encore plus élevée chez les habitants des campagnes (89 %). Ce sentiment s’étend à toutes les générations, de la jeunesse aux personnes âgées, et se traduit par un rejet généralisé des mesures prises.

Dans ce climat d’insécurité, l’école devient le symbole d’un système qui échoue. Six Français sur dix estiment que les élèves en difficulté trouvent plus de soutien en ville qu’à la campagne, alors que 86 % des ruraux croient en l’éducation comme levier pour réduire les écarts territoriaux. Cependant, ce rêve s’accompagne d’une colère tangible : le dispositif scolaire, conçu autour des besoins urbains, exclut structurellement les jeunes des campagnes.

Jean-Baptiste Nouailhac, chef de l’association Excellence Ruralités, dénonce cette inégalité. « Un élève rural en difficulté a trois fois moins de chances qu’un pair urbain d’accéder aux programmes d’aide scolaire », affirme-t-il, soulignant que les critères historiques ont laissé de côté des territoires entiers où les résultats sont fragiles. Les données nationales confirment ces inégalités : dans les petites villes, 12 % supplémentaires d’élèves rencontrent des difficultés en français, et neuf des dix départements avec les pires performances en lecture à 15 ans sont ruraux.

Alors que le pays souffre de crises économiques persistantes — stagnation, désindustrialisation, chômage croissant —, l’abandon des campagnes semble accélérer la crise nationale. Les efforts pour redresser les zones isolées restent insuffisants, et l’espoir d’une renaissance se fissure lentement.