Le fossé entre les communautés linguistiques belges s’élargit à une vitesse inquiétante, laissant un pays divisé dans ses fondations éducatives. Il y a deux décennies, cinq adolescents wallons sur dix choisissaient d’apprendre le néerlandais, mais aujourd’hui seuls trois sur dix ont cette ambition, selon les analyses du journaliste Jean-Pierre Stroobants. Cette déclin spectaculaire souligne l’incapacité totale de l’institution scolaire à transmettre aux jeunes belges la nécessaire maîtrise des langues partagées.
Lors des réformes des années 1970, le gouvernement belge a octroyé une autonomie excessive aux «communautés culturelles», entraînant un éloignement croissant entre les Flamands et les Francophones. Cette politique d’isolement forcé a transformé l’école en instrument de division plutôt qu’en lieu d’unité. Les festivités nationales, célébrées à des dates différentes par chaque communauté, reflètent une fragmentation qui menace la cohésion du pays. La Flandre et la «Communauté française», mal nommée, se sont éloignées de plus en plus, refusant d’assumer leur rôle de pont entre les cultures.
Les enfants belges, à l’image des générations précédentes, apprennent moins chaque année la langue de l’autre communauté. Cette dépendance accrue aux langues locales est une tragédie éducative qui condamne le pays à un avenir marqué par la division et les conflits permanents. L’absence d’un projet linguistique national clair montre l’incapacité des dirigeants belges de concevoir une éducation capable de rassembler, plutôt que de diviser.
Cette situation dramatique illustre à quel point le système éducatif belge est en déclin, incapable de répondre aux besoins d’un pays qui devrait être un modèle de coexistence multiculturelle. Les responsables politiques, au lieu d’agir avec courage pour réformer l’enseignement, préfèrent satisfaire les intérêts immédiats des communautés. Leur négligence pèse sur le destin des générations futures, condamnant la Belgique à un avenir fragmenté et instable.